De collégienne à professionnelle de santé
Je me souviens de ce grand couloir où j’attendais avec ma mère, vous savez le fameux rendez vous qu on a tous en 4ème, le rendez vous avec la conseillère d’orientation… A cette époque je savais déjà que je voulais être infirmière puéricultrice, les enfants c’était « mon truc ».
Ainée d’une fratrie de 3 enfants et de 13 petits enfants, j’ai toujours joué la nounou ! Très vite j’ai aussi passé mon BAFA et fait du baby setting rémunéré en soirée, plus ou moins régulièrement, c’était donc naturellement que je voulais me lancer dans cette carrière.
Me voilà lancée vers un Bac S puis les concours d’entrée et enfin l’école d’infirmière.
Tout se passe plus ou moins comme prévu… Après un parcours lycéen chaotique, je décroche mon BAC en juillet 2005 au rattrapage et je réussis en parallèle mon concours d’infirmière à Institut de Formation en Soins Infirmiers de Bourg en Bresse.
Le chaos
Je commence ma vie d’étudiante comme j’ai quitté celle de lycéenne.
Je ne prends pas vraiment conscience tout de suite que je travaille pour mon avenir.
Effectivement, je reste ancré sur le « faire plaisir a papa et maman ». Pour preuve, je ne valide pas cette première année et obtient une large déception familiale. Je culpabilise énormément mais cela me fait comprendre également qu’il faut que je change ma vision des études. Je dois travailler pour moi : c’est mon avenir professionnel, pas le leur.
J‘entame alors une seconde première année plus sereinement et sous une autre optique. Mes 2 premières années d’étude d’infirmière se passent sans difficultés particulière. Je fais mon bonhomme de chemin.
Lors de la troisième, je me sens submergée et je perds pied entre problème de santé, fatigue et rythme intense à l’école d’infirmière ( c’est l année du mémoire).
Et sans étonnement, j’échoue lors d’une mise en situation professionnelle et en février 2009, je sais que je n’aurai pas mon diplôme comme prévu à la fin de l’année.
Je décide de faire une pause, de prendre du recul.
Je travaille dans un premier en tant qu’aide soignante en EHPAD où j’effectuais déjà quelques remplacement les Week end puis je change de service pour travailler en hémodialyse sur Lyon pendant 1 an.
Septembre 2010, je reprends mes études d’infirmière tant bien que mal, stressée, avec une épée de Damoclès sur la tête : ça passe ou ça casse. ça passe de justesse mais ça passe.
J’obtiens mon diplôme en novembre 2011.
Infirmière puéricultrice dans tout ça ?
Pendant mes études, je me suis vite rendue compte que ce n était pas la pédiatrie qui me plaisait mais tout le contraire : les personnes âgées ! Après mon diplôme, j’ai tout suite exercée et ce jusqu’ à ce que je rende ma blouse, en EHPAD.
J’ai travaillé pendant quasi 10 ans auprès des personnes âgées. Elles m’auront beaucoup appris autant professionnellement que sur moi même. Le contact humain qui en résulte et comme j’ai toujours dit : ils sont notre mémoire, il ne faut jamais l’oublier. J’ai passé de merveilleux moments à leur coté, comme de très douloureux.
Les accompagner jusqu à leurs derniers moments n’est pas choses faciles.
J’ai aussi pris mon indépendance de professionnel. Très vite, j’ai compris les responsabilités que j avais avec ce nouveau diplôme contrairement avec celui d’aide soignante.
Beaucoup de choses reposaient sur mes épaules et le droit à l’erreur était quasi nul.
J’étais un soutien pour tant de monde : les résidents, leurs familles, mes collègues, le cadre de soins, les médecins, la hiérarchie, la secrétaire d’accueil, la RH… J’étais sollicitée sans cesse (oui même quand j allais pissé lol !) c’était au début gratifiant mais au bout de 10 ans…. Je vous laisse imaginer mon état nerveux.
J’avais fait ma place dans la structure où j’étais et m’y sentais bien. Comme toute entreprise remplie de nanas, il y avait des hauts et des bas, jusqu à…
Pourquoi j’ai dit stop ?
C’est alors que 2 départs à la retraite consécutifs, 1 changement de direction radical et une réorganisation infirmière sans concertation des principales intéressées; plus la crise du COVID et bam : pétage de câble !
Je ne travaille plus en concordance avec mes valeurs, je dois tout faire tout vite, dans un service où les résidents ont besoin de prendre leur temps. On me demande d’être une machine et un distributeur à médicaments.
Ma charge de travail augmente du jour au lendemain de plus de moitié.
Mon corps flanche, je n en peux plus; mais ma conscience professionnelle me dit de continuer jusqu’à la demande de trop; jusqu’à la réflexion de trop où j’appelle mon médecin.
Je suis en plein BURN OUT.
Je sais pertinemment que l’herbe n’est pas plus verte ailleurs surtout dans le contexte actuel (mai 2020) alors je prends une décision radicale et réfléchie : je me lance à mon compte à temps plein.
C’est maintenant ou jamais…
